C'est avec un regret modéré que toute l'équipe de Grumpf Magazine vous fait part du décès d'Astaem Mireiwin. Astaem, agé de quarante trois printemps, demi-gnome et cuisinier hémérite, était surtout l'un de nos meilleurs reporter sur le terrain, même s'il était particulièrement désagréable et qu'il sentait très fort des pieds quand il enlevait ses bottes magiques.

La rédaction se console en pensant qu'Asteam continuera de vivre pour l'éternité, dans la prochaine oeuvre de Vrurbarg le Kostaud, Pourkoi j'aime pas les journalistes.

Nous te regrettons (un peu).

Aujourd'hui, l'équipe de Grumpf Mag est fière de vous annoncer qu'elle a pu obtenir une interview exclusive de Vrurbarg le Kostaud, qui je vous le rappelle, est le plus grand artiste orc contemporain. Vrurbarg a récemment présenté La Bouillie, une œuvre qui dénonce les excès de la société, une œuvre qui choque les bien pensants, une œuvre qui ne laisse personne indifférent, bref, une œuvre comme le Grumpf Mag adore. C'est pourquoi nous avons envoyé Astaem Mireiwin, un de nos plus brillants journaliste réaliser une interview qui restera gravée dans les mémoires.

Astaem Mireiwin : Tout d'abord bonjour, et merci de nous accorder cette interview, nous savons que vous êtes très demandé, et c'est pour nous un honneur incommensurable de pouvoir parler avec vous (ndlr : les orcs sont très sensibles aux flatteires, et sont trop bêtes pour comprendre quand ça n'est pas sincère).

Vrurbarg le Kostaud : Eh bien ékoutez, je suis aussi bien kontent, d'être ici avek vous.

AM : Commençons. Alors rappelons à nos lecteurs que vous êtes l'axe central de l'art contemporain orc, et peut-être même de l'art contemporain en général depuis votre série de natures mortes.

VK : (rires) Ah ah oui ! Ça c'était kelke chose de bien rigolo aussi, j'avais empalé des têtes d'elfes sur des pieux pour symboliser la nature ki était morte. C'était là bien évidemment une preuve ki montrait à tous ke déjà les elfes ils sont pas forts, mais ke en plus un artiste komme moi peut modifier le statut d'une œuvre à volonté. Dans ce cas, si je dis ke c'est une nature morte, personne ne peux dire le kontraire, alors ke c'est plus une sculpture k'une peinture. Et de toutes façons, celui ki dit le contraire il devient le sujet de ma prochaine œuvre.

AM : Justement, parlons-en. Depuis que vous êtes un artiste, vous vous refusez à utiliser des supports traditionnels, comme la peinture ou la taille de la pierre, vous préférez un rendu plus charnel, si j'ose dire.

VK : Évidemment, les pinceaux c'est pour les lopettes. Kand on prend une hache ou un gros kouteau, on peut s'impliker dans son œuvre bien plus k'avek un burin et un marteau (sauf si c'est un marteau suffisamment gros pour eklater un krane de centaure en un seul koup). Et c'est pareil pour le support, le bois c'est bon pour les elfes, et un kaillou, c'est nul, ça sent rien, c'est tout dur et ça krie pas kand on lui arrache un bras. D'ailleurs un kaillou ça n'a même pas de bras, komment voulez-vous travailler dans ces konditions ? Non, ce k'il faut, c'est un truk ki essaie de s'enfuir quand on kommence à lui retirer les boyaux.

AM : Mais alors vous vous éloignez délibérément de l'art orc traditionnel?

VK : Bah en fait, l'art ork traditionnel, ça existe pas vraiment. Parce ke les orks ils trouvent ke l'art c'est nul. Alors bien sûr, de temps en temps, il y a un ork ki trouve un pot de chaux-vive (ndlr : truc blanc très basique, "basique" c'est le contraire de "acide") et il s'amuse à tremper les mains dedans pour essayer de dessiner des armes ou des truks morts. Mais bon, ils y arrivent pas et la chaux-vive ça pike un peu les mains, alors ils disent ke l'art c'est nul. Alors moi je montre ke l'art ça peut être vachement poilant. Muarglahahaha (rires).

AM : Mais vous alors, en sortant d'un milieu réfractaire aux spéculations théoriques de l'art, comment en êtes-vous venu à dans cette même voie, qui ne vous promettait pourtant rien ?

VK : Gluarg ! Rien kompris !

AM : Pardon... Euh... Pourquoi est-ce que vous êtes devenu artiste alors que les orcs n'aiment pas l'art ?

VK : Ah... C'est pas kompliké, un jour, je voulais expliker à un kopain comment j'avais kassé un basilik en deux, alors j'ai pris de la chaux-vive pour lui montrer sur un mur. Et pis la chaux-vive, ça pike les mains (mais ça je l'ai déjà dis), alors j'ai koupé la tête d'un autre kopain pour faire avec son sang. Et là je me suis dit ke pour ke le message soit enkore plus clair et plus fort de sens, ça serait encore mieux si je montrait karrément avec un vrai basilik. Alors je suis parti chasser un autre basilik. C'était pas facile parce ke les basiliks ils vivent vachement plus loin au Nord, ça a prit du temps, surtout k'il fallait ke je le garde vivant pour le kasser en deux devant mon kopain, sinon ça aurait servi à rien. Et làil y a un typeki m'a dit ke c'était de l'art. Après il m'a dit que c'était du Land Artke je faisais in situ, alors komme j'ai pas kompris je lui ai arraché la tête pour pas perdre la face devant lui.

AM : Mais l'essentiel était dit, vous étiez un artiste. Revenons à votre dernière œuvre, La Bouillie, et je vais vous poser une question simple et pourtant lourde de sens : pourquoi ?

VK : Parce que les gnolls ils sont petits et méchants (et faibles).

AM : Expliquons à nos lecteurs, votre Bouillie est en réalité un grand trou de trois mètres cinquante de profondeur et deux mètres de diamètre, dans lequel vous avez mixé l'équivalent de vingt-deux gnolls adultes.

VK : Oui, je voulais montrer à mes kopains ke les gnolls ils ne sont pas kapable de se défendre et ke je vois pas pourquoi on les ékraserait pas tous ensemble.

AM : Vous appelez donc à une mise en commun des efforts orcs, vous appelez tous vos confrères à s'unir sous la même bannière pour éliminer les gnolls ?

VK : Oui, c'est kool, non ?

AM : Euh... Oui, oui ! Et que comptez vous faire, maintenant ?

VK : Là je kompte faire un projet ki va s'appeler Pourkoi j'aime pas les journalistes, et qui va mettre en scène des jambes de journalistes plantées par terre. Il me manque encore deux jambes.

Et voila, notre reporter n'a pas eu le temps de poser ses deux dernières questions, mais le plus important est là, et Grumpf Magazine est fière de publier cet interview que l'on oubliera pas !

Barak Thagrim est décédé avant-hier à l'âge de 211 ans. Barak fut l'un des premiers nains à adhérer au mouvement Koglanar, mouvement qui vise à ouvrir le peuple nain au reste du monde. Barak voulait, dans un élan passionné de pacification, mélanger certaines coutumes des différents peuples afin de les rapprocher. Il est mort en essayant de boire de l'eau.

Beliombor l'espiègle, le seigneur de guerre Haut elfe, est décédé il y a 3 jours au champ d'honneur, durant la bataille désastreuse (pour les elfes uniquement) de Ougastildar. Beliombor a accédé au rang de seigneur de guerre après avoir composé une symphonie pour harpes : la Balade Champêtre. Il semblerait qu'il soit mort piétiné par ses compatriotes lors de la fuite de la cité. Il avait 321 ans.

Fatnaz le Vétéran est décédé dans la semaine à l'âge de 8 ans (nous ne pouvons fixer de date précise, faute de corps). Ce gobelin au charisme extravagant a réussi à unifier les 3 clans gobelins du pic de Grol'Timdor sous une seule banière et à éxacerber leur courage, et les mena au combat afin d'agrandir leur territoire. Il est mort pendant un bivouac, mangé par un troll affamé qui passait par là.

Meruppi le Glouton, hobbit respecté, est décédé avant-hier lors de la fête annuelle  du Porc Salé. Meruppi était plein de fougue, et il était dit qu'aucun défi n'était hors de sa portée. Il est mort d'une indigestion, après avoir réussi à engloutir en moins d'une minute et 17 secondes la totalité d'un potiron de 27,6kg.

Le décès le plus important de cette semaine est sans conteste celui de Merguezogrilsafédlafumet, dit Mergue l'invincible, le dragon noir millénaire qui gardait le trésor de Thoukbay (s'élevant à la modique valeur de 74103912 po) depuis... beaucoup de temps. Nos experts n'arrivent pas à déceler la cause de la mort, mais il semblerait que ce soit un suicide. En effet, Mergue a laissé quelques mots sur un des murs de sa grotte, dénoncant la médiocrité des Héros de notre temps et faisant part de son mécontentement quant à leur mauvais goût.

Récolte des ingrédients : 24 à 48 heures.

Préparation : 20 minutes.

Cuisson : 2 à 3 heures.

Ingrédients :

-Un bon gros bout de minotaure (du genre une cuisse)

-Des choses diverses pour accompagner (oignons, restes de fromages, pommes de terre, etc.)

-Une louche de poudre noire.

-Pas de persil ou de ciboulette, c'est bon pour les elfes, ces trucs là.

-un baril de bière (naine).

Préparation :

Équipez-vous, armure, hache et provisions, pour aller chercher un minotaure. Les meilleurs sont ceux du Sud, peut-être un peu dur à attraper et à transporter (rapport à leur taille), mais bien plus savoureux. Le plus compliqué là-dedans est de le tuer proprement, utilisez une hache et pas un marteau, afin de le décapiter plutôt que de réduire ses os en bouillie, c'est moins agréable à manger, après.

Une fois votre minotaure tué, gardez sa peau, vous pourrez toujours la revendre et vous faire quelques pièces d'or. Dépecez-le donc et prenez-en un bon gros bout (genre la cuisse).

Prévoyez votre baril de bière, une chope et éventuellement quelqu'un pour la remplir.

Faites rôtir votre bout de minotaure à la broche.

Pendant ce temps, vous pouvez vider quelques chopes.

Laissez refroidir.

Vous pouvez aussi vider quelques chopes.

Une fois la viande froide, prenez votre hache (ou tout autre objet qui coupe bien) et découpez le tout en morceaux plus ou moins gros selon votre préférence.

Rafraichissez-vous avec une chopine, c'est la clé d'une salade réussie, aucun nain privé de bière ne peut fournir un travail efficace.

Mettez le tout dans une marmite, un saladier ou directement sur la table si vous n'avez rien d'autre, de toute façon on est pas des chochottes.

Ajoutez-y ce qu'il vous reste, à savoir la poudre noire, les restes de fromages ou tout ce qui vous est tombé sous la main. Ajoutez-y également une bonne rasade de bière (là, c'est vachement plus facile si vous cuisinez dans un saladier plutôt que directement sur la table).

Terminez votre baril si ce n'est pas déjà fait, laissez reposer quelques jours et dégustez !

Grumpf Magazine, c'est une gazette médiévale-fantastique, un journal du soir ou du matin, qui parle de tout et de rien (mais surtout de rien). De la nouvelle collection automne-hiver des orcs noirs à la menace des nécromanciens du Sud en passant par la nouvelle recette de l'elfe à l'étouffée des trolls, vous ne raterez plus rien de l'actualité !

Grumpf Magazine, c'est des reportages inédits, c'est de la poésie, c'est le taux du mithril, c'est des petites annonces, c'est les derniers conseils minceur des ogres, c'est  les sports, c'est le programme des manifestations presque culturelles, et c'est bien plus encore.

Bref, Grumpf Magazine, c'est LE journal à lire pour ne rater aucun pillage, pour apprendre à ne pas échapper à un dragon ou pour tout savoir sur les us et coutumes des barbares cimmériens.